Les arguments avancés par les initiants ne prennent absolument pas en compte la question de l’égalité entre les sexes. La distinction entre sphère publique et privée laisse les femmes seules face à la responsabilité de la conception ou non des enfants, alors que ce sujet concerne de manière intrinsèque toute la société, hommes compris : l’avortement doit rester une affaire collective ! Jusqu’à preuve du contraire, les hommes sont co-responsables de toute grossesse. Faudrait-il que, dès leurs premières règles, les jeunes filles contractent une assurance complémentaire pour un éventuel avortement, puisque la société ne voudrait plus les prendre en charge ?
Le contrat social est basé sur la participation de chacun-e : les non-fumeurs financent les traitements des fumeurs atteints d’un cancer, les non-motorisés financent les soins apportés aux blessés de la route, les femmes financent aussi les traitements pour soigner les cancers de la prostate.
Cette proposition est en outre particulièrement défavorable aux jeunes. En effet, les jeunes filles qui se retrouvent à subir une IVG sont souvent dans des situations particulièrement difficiles, sans soutien de leur partenaire et gênées d'en parler à leurs parents. Elles devraient alors assumer l’intervention seules sans forcément disposer de moyens suffisants.
Selon les initiants, cette modification réduira le nombre d’avortements. Les Jeunes Vert-e-s genevois-e-s pensent au contraire que cela pourrait provoquer pour les femmes au revenu modeste le retour à des avortements clandestins. L’avortement est un droit inaliénable, car chaque femme a le droit de choisir librement et sans pression économique si elle souhaite ou non avoir un enfant à un certain moment de sa vie.
Dans le cadre de notre programme pour le Conseil national, que nous dévolierons bientôt, nous allons plus loin et proposons que les contraceptifs soient remboursés par l’assurance maladie, afin que cette question ne soit plus exclusivement féminine et que le nombre d’avortement baisse, non pas parce que l’intervention est trop chère, mais parce que la prévention aura fait son effet.